ARCHITOUR  
Dimension 72 – mai 2024

ATELIER VENS VANBELLE

L’oeuvre à petite échelle de l’ATELIER VENS VANBELLE occupe une place particulière dans le paysage architectural flamand.

Dries Vens et Maarten Vanbelle, les deux têtes pensantes de l’ATELIER VENS VANBELLE, font sensation avec leurs maisons unifamiliales insolites depuis leur création en 2006. Quelques mois avant l’architour, nous leur rendons visite au Brugse Poort à Gand. Le bâtiment à la Fonteineplein (1) attire l’attention avec cet escalier jaune menant au studio au deuxième étage. Le bureau s’étend au troisième étage avec une salle de réunion et une terrasse. Maarten habite au rez-de-chaussée et au premier étage.

‘W109 – Alex’ (2)

Nous examinons quelques maquettes avant de nous rendre à Berlare pour visiter le projet ‘W109 – Alex’. La maison d’hôtes, avec sa petite salle de cinéma, a été rebaptisée ‘Het Paard Juul’ par le propriétaire en raison de sa forme, bien que nous y voyons plutôt un canard de bain. Depuis la rue, elle surplombe le mur du jardin tel un phare. Le sentier menant à la maison d’hôtes part d’une allée entre la maison et l’annexe puis plonge dans le couloir du sous-sol qui suit le contour du petit bâtiment. Après avoir passé la cellule sanitaire, le bar et la petite salle de cinéma, nous ressortons par l’escalier en colimaçon en acier pour monter à l’étage où un cocon en bois sert de lieu de vie et de nuit. On peut aller encore plus haut jusqu’au ‘phare’ qui offre une vue imprenable sur les environs. Une douche extérieure complète les options d’expérience. Le cocon en bois est constitué d’un empilement de panneaux Kerto sciés, assemblé à l’atelier. Deux ouvertures de fenêtres rondes donnent sur les environs, tandis que la porte vitrée s’ouvre sur une pente verte menant au jardin. L’extérieur du bâtiment est revêtu de tôles d’acier profilées peintes en brun. Un projet typique de l’ATELIER VENS VANBELLE mais conçu à partir d’une logique qui a du sens.

‘W122 – Brecht & Nele’ (3)

Nous démarrons l’architour avec une maison mitoyenne de la ceinture gantoise du 19e siècle. Lorsque nous franchissons la porte d’entrée, notre regard est immédiatement aspiré par le haut. La cage d’escalier est ouverte jusqu’au faîtage. La lumière y pénètre abondamment. Depuis un petit plateau, la cuisine donne sur le hall et l’escalier du sous-sol. La salle à manger haute mène à l’espace de vie où une découpe en quart de rond au plafond en béton crée un contact avec l’espace bureau au-dessus. Celui-ci est relié à une terrasse étroite d’où la verdure du jardin semble se jeter dans le parc situé à l’arrière. L’ouverture du hall entraîne une perte de quelques mètres carrés mais la valeur ajoutée spatiale est importante, les chambres et la salle de bains profitant de la luminosité grâce aux perspectives supplémentaires et à la lumière du jour.

‘W131 – Miel & Eline’ (4)

La maison mitoyenne suivante est une nouvelle construction, bien que l’on puisse en douter en la parcourant. Les architectes ont choisi une structure mixte, comprenant de la brique, de l’acier et du béton, mais les poutres en chêne dominent. Les lourdes poutres en bois de section carrée sont également utilisées comme colonnes et renforcent l’impression qu’il pourrait s’agir d’un bâtiment ancien. La nouvelle construction remplace un café où l’on faisait autrefois le commerce du bétail, comme en témoignent les anneaux maçonnés dans les murs du jardin et à l’ancienne étable au fond du jardin, où se trouvent encore des mangeoires. La structure en bois du toit de l’étable est recouverte de plaques de polycarbonate. Une partie du toit est en verre de véranda et peut s’ouvrir en coulissant, créant une terrasse ensoleillée à l’étage.

‘W101 – Tarbotstraat’ (5)

Pour notre prochaine étape, nous nous arrêtons à la Tarbotstraat. Il y a une quinzaine d’années, la ville de Gand y a mis en vente le vestibule de l’ancienne école communale des filles. Les offres devaient être accompagnées d’un avant-projet. Les architectes ont utilisé la façade caractéristique, dessinée par l’architecte de la ville Charles Van Rysselberghe, comme point de départ de la maison. Les ouvertures des portes et des fenêtres ont été découpées dans le volume habitable donnant sur la rue. Ces ‘vides’ forment l’entrée, la cuisine et le bureau. Les fonctions de service sont intégrées aux volumes intermédiaires, comme les toilettes des invités, l’évier de la cuisine ainsi que les escaliers menant à l’étage. Comme les espaces des ‘vides’ sont surélevés, ils entretiennent une relation particulière avec la rue, avec laquelle ils sont en contact direct grâce aux grandes fenêtres. La forme et l’emplacement des fenêtres sont étendus à la façade arrière. Un vide au centre de la maison diffuse la lumière du jour au cœur de l’espace de vie, le verre miroir des murs assurant aucune vue sur l’espace de nuit qui s’organise autour du vide.

‘W 136 – Tomas & Katrien’ (6)

Ces maison individuelle située sur un terrain en périphérie gantoise présente une façade aveugle mais expressive côté rue, en raison de la composition abstraite de la maçonnerie et des tuyaux de descente. Cette façade aveugle, combinée à la géométrie des façades latérales symétriques, à la maçonnerie et à la menuiserie, a valu au bâtiment d’être surnommé ‘het fabriekske’ dans le quartier. Le jeu d’un bâtiment apparemment ancien auquel on a donné une nouvelle vocation s’est poursuivi à l’intérieur. L’espace de vie a le charme d’une brasserie. Une rotation angulaire de 45 degrés ajoute une dynamique au plan rectangulaire. Au centre de l’espace de vie se trouve un vide, avec une jardinière en briques sous l’escalier. À l’étage, les chambres sont placées aux angles, créant des espaces intermédiaires pour une salle de bains et le jeu.

‘W116 – Mario & Inge’ (7)

Nous terminons cet architour avec la transformation d’une maison mitoyenne à Ledeberg. La structure à ossature bois, sur une trame où apparaissent des croix structurelles et où alternent des lanterneaux et des surfaces fermées, se prolonge dans le jardin où elle forme une pergola végétalisée. Les murs sont en contreplaqué. Le bloc de cuisine polygonal en acier brossé contraste avec le bois et le sol en béton poli rouge. L’abri au fond du jardin est fini avec bardage en miroir, une intervention déjà vue à plusieurs reprises. Le reflet double la structure de la pergola et dématérialise l’abri. Comme pour les autres projets de l’ATELIER VENS VANBELLE, le concept de cette maison est frivole mais pas sans engagement.

Rédaction: Arnaud Tandt

www.vensvanbelle.be