PROJET À L'HONNEUR
Dimension 68 – mai 2023
Une école sur un site classé au patrimoine industriel
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Tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, la structure en béton apparaît dans toute sa rugosité. Les menuiseries en bois et le revêtement mural des classes de maternelle apporte de la chaleur et de l’intimité.

Tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, la structure en béton apparaît dans toute sa rugosité. Les menuiseries en bois et le revêtement mural des classes de maternelle apporte de la chaleur et de l’intimité.

Au premier étage, de nouvelles finitions ont été ajoutées en toute honnêteté : des sols coulés, des accents colorés, des meubles en bois sur mesure et des rideaux qui ajoutent de la douceur et du caractère. La hauteur libre d’origine crée une spatialité particulière.

Au premier étage, de nouvelles finitions ont été ajoutées en toute honnêteté : des sols coulés, des accents colorés, des meubles en bois sur mesure et des rideaux qui ajoutent de la douceur et du caractère. La hauteur libre d’origine crée une spatialité particulière.

Via une succession d’élargissements et de rétrécissements, le couloir central au premier étage offre une série d’espaces (haltes) multifonctionnels. Par moments, ce sont des espaces de circulation généreux, à d’autres, ils deviennent une salle de classe, un espace pour les ateliers, un mini auditoire ou une aire de jeux couverte. Le concept soutient le projet pédagogique selon lequel les missions d’enseignement interclasses jouent un rôle important.

Via une succession d’élargissements et de rétrécissements, le couloir central au premier étage offre une série d’espaces (haltes) multifonctionnels. Par moments, ce sont des espaces de circulation généreux, à d’autres, ils deviennent une salle de classe, un espace pour les ateliers, un mini auditoire ou une aire de jeux couverte. Le concept soutient le projet pédagogique selon lequel les missions d’enseignement interclasses jouent un rôle important.

Les premières visites ont montré que le bâtiment était en très bon état. Même le carrelage d’origine des vestiaires a pu être conservé.

Les classes de maternelle se situent sous le bâtiment comme un nouveau volume indépendant.

Après avoir creusé le sol du rez-de-chaussée de 30 à 40 cm, l’espace sous le bâtiment bénéficie désormais d’une hauteur d’étage. De précieux mètres carrés ont été créés pour héberger l’école de maternelle et la garderie extrascolaire. Cela a donné de l’air à l’ensemble du projet.

Autour et dans le bâtiment, les perspectives, les espaces et les matériaux connectent le programme éducatif aux fondements historiques et socio-culturels du site.
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Au cours des quinze dernières années, la Flandre a réalisé un véritable tour de force pour développer et moderniser ses infrastructures scolaires. Un mouvement de rattrapage plus ou moins réussi, il faut bien l’admettre, même si plusieurs écoles particulières ont vu le jour ces dernières années. Un élément marquant est qu’il ne s’agit pas tant de nouvelles constructions brillantes mais de solides réaffectations parfois inattendues. L’école primaire et de maternelle Kabo Beringen, rebaptisée ‘Straf! School met lef’, en est un bel exemple.
L’établissement scolaire a emménagé dans l’ancien bâtiment des vestiaires du site minier à Beringen en 2021. Le bâtiment mesure 127 mètres sur 21 et n’est qu’une goutte d’eau par rapport au site. D’une superficie totale de 32 hectares, la mine de charbon est le plus grand site du patrimoine industriel en Flandre. « Les activités minières ont été arrêtées en 1989 », déclare Stefaan Evers de a2o architectes. « Vingt ans plus tard, décision était prise de restaurer les anciens bâtiments et de réaffecter le site. Cette reconversion a débuté en 2013 et a notamment apporté des logements, des bureaux et des fonctions récréatives. Contrairement à d’autres sites miniers, be-MINE devait former un nouveau quartier urbain. L’ajout d’un pilier éducatif est une belle pièce du puzzle. Il complète le tissu urbain. »
Basé à Hasselt et à Bruxelles, a2o architectes a participé au concours du projet publié en 2017 avec AAC architecture de Bruxelles, les architectes paysagistes Fris in het Landschap et le bureau d’ingénierie Greisch. Trois A3 ont suffi à convaincre le jury. « La mission était formulée assez sommairement et en réponse, on attendait une déclaration d’intention claire. Ce n’est qu’après l’attribution du projet que le concept a été affiné. Cela s’est fait en collaboration avec le reste de l’équipe de construction mais aussi en concertation avec la direction et les enseignants de l’école, la Limburgse Reconversiemaatschappij (LRM), l’Agentschap voor Onroerend Erfgoed et le Service de préservation des monuments. Plus ces acteurs étaient impliqués tôt dans le projet, mieux les travaux se dérouleraient. »
Surdimension
L’établissement compte seize classes primaires, onze classes de maternelle et une garderie extrascolaire. Avec les installations obligatoires, notamment une salle pour les professeurs, deux salles de sport et une bibliothèque, l’école se déploie sur une surface totale de plus de 5.000 m². Une différence notable par rapport aux projets scolaires souvent exigus du passé. « Cette attribution n’était pourtant pas prévue au départ », précise Stefaan Evers. « D’après la mission initiale, l’ensemble du programme devait être hébergé au premier étage du bâtiment des vestiaires. Tout s’y prêtait, de justesse. »
Cependant, a2o et AAC avaient perçu du potentiel au rez-de-chaussée. « Le bâtiment repose sur des piliers. Dans le passé, l’espace ouvert au rez-de-chaussée servait à ranger les chariots d’extraction et il n’était pas considéré comme une surface utilisable en raison de la hauteur libre limitée. Toutefois, en creusant le sol de 30 à 40 centimètres, nous avons pu créer de nombreux mètres carrés supplémentaires de manière relativement peu coûteuse. Cela a donné de l’air au projet. »
Le niveau supplémentaire a donné lieu à une division de l’établissement : l’école primaire est logée au premier étage, comme prévu, tandis que les classes de maternelle et la garderie extrascolaire sont installées dans le nouveau volume au rez-de-chaussée. « Cela présente des avantages pratiques », poursuit Stefaan Evers. « Les parents n’ont par exemple pas à porter leurs bambins dans les escaliers le matin, et les classes de maternelle ont un accès direct à l’aire de jeux. Et comme le nouveau volume est en retrait de plusieurs mètres par rapport à la façade, une aire de jeux couverte est créée naturellement. »
La surdimension est frappante au premier étage où la hauteur libre d’environ quatre mètres est préservée, le vide entre les salles évoquant une spatialité remarquable. Via une succession d’élargissements et de rétrécissements, le couloir central qui s’étend d’une extrémité à l’autre du bâtiment offre une série d’espaces (haltes) multifonctionnels. Par moments, ce sont des espaces de circulation généreux, à d’autres, ils deviennent une salle de classe, un espace pour des ateliers, un mini auditoire ou une aire de jeux couverte. Le concept soutient le projet pédagogique selon lequel les missions d’enseignement interclasses jouent un rôle important.
L’élargissement et le rétrécissement du couloir central sont interrompus ici et là par une courbe. « Le couloir est l’espace qui restait après l’installation des classes, et c’est un pilier essentiel du scénario de croissance inclus dans le concept. Suite au nombre relativement élevé des inscriptions, ce scénario a été déployé dès la phase d’exécution. En certains endroits, des classes ont été ajoutées, conformément aux plans prédéterminés et sans perturber le projet. »
Dialogue avec le patrimoine
Pour le concept, a2o et AAC se sont principalement inspirés de la situation existante. L’emplacement des salles de classe est aligné à la disposition originale des fenêtres, l’ancienne salle de douche a été repensée en un vestiaire et la tour à double hauteur à l’extrémité du bâtiment a pu être transformée en gymnase sans trop de difficultés. Sur le plan structurel, quelques interventions stratégiques ont été réalisées. Outre l’abaissement du niveau du sol au rez-de-chaussée, un escalier central/une tribune de huit mètres de large a été installée, et le plancher a été percé de manière ponctuelle pour introduire de nouveaux vides – des nouvelles connexions visuelles et spatiales entre les classes de maternelle et primaires.
« Le bâtiment était en très bon état et constituait une toile gratifiante à tous les égards », poursuit Stefaan Evers. « La structure logique, les grandes portées et les hauteurs libres offrent une grande liberté d’interprétation. Nous ne voyions aucune raison d’y toucher. Mieux, nous voulions accentuer ce patrimoine, le rendre tangible. Les quelques interventions structurelles que nous avons réalisées y contribuent. Elles créent des nouvelles connexions avec le bâtiment et le site et permettent un usage contemporain. Mais elles ne sont pas spécifiques au programme. Même s’il est décidé dans vingt ans d’accueillir une autre fonction dans le bâtiment, elles resteront pertinentes. La disposition des classes et des couloirs n’est en revanche pas liée à la structure. D’une certaine manière, les classes de maternelle sous le bâtiment sont des nouveaux volumes indépendants. »
La parcimonie comme point de départ
Stefaan Evers décrit le rapport envers le patrimoine industriel comme du respect et de la parcimonie. Cela se traduit également dans l’utilisation des matériaux. Tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, la structure en béton apparaît dans toute sa rugosité. La hauteur libre est préservée et les vestiaires ont gardé leur carrelage d’origine. Les nouvelles finitions ont été ajoutées en toute honnêteté et adaptées au programme et aux utilisateurs : les sols coulés sont de couleurs vives, les menuiseries en bois et le mobilier sur mesure créent une touche chaleureuse et les rideaux ici et là apportent de la douceur et du confort acoustique.
Au premier étage, les murs extérieurs sont dotés d’une isolation intérieure et de survitrages avec une protection solaire intégrée. L’ensemble dispose d’un chauffage au sol et d’une pompe à chaleur. Les conduits d’aération et autres techniques sont suspendus aux hauts plafonds et apparents. « Il serait contradictoire d’habiller les plafonds alors que nous voulons précisément mettre en valeur la spatialité et la structure en béton d’origine. »
Stefaan Evers est conscient que la réalisation et la concrétisation du projet ont impliqué une bonne dose de chance. « Dans les projets de réaffectation, on découvre toujours des surprises et des faits accomplis, mais dans ce cas-ci, c’était minime. La rénovation de la façade était achevée avant le début du projet et la structure en béton était en très bon état. La seule chose à laquelle nous avons dû réfléchir à une solution pendant la phase d’exécution était la différence de niveau du plancher au premier étage. Nous avons su apporter une réponse adéquate et fonctionnelle au problème en créant une légère pente. »
Une aire de jeux éducative pour une nouvelle génération
Dans le bâtiment, des perspectives, des espaces et des matériaux connectent le programme éducatif aux fondements historiques et socioculturels du site. Mais même au-delà de l’enveloppe architecturale, le contexte industriel est explicitement lié à l’école. Ainsi, l’aire de jeux couverte à côté des classes de maternelle s’intègre dans le paysage vallonné de la cour de récréation, où les anciennes voies ferrées et autres aménagements du passé industriel forment les éléments structurants d’un espace extérieur aventureux. La cour de récréation, clôturée et sécurisée, serpente visuellement jusqu’au Spoorpark be-MINE accessible au public. Le tracé de la piste cyclable entre le centre de Beringen-Mijn et le triage-lavoir de charbon délimite le terrain de l’école.
« La cour de récréation est un exemple d’inspiration pour nous », continue Stefaan Evers. « Même si l’expression ‘parc de jeux’ serait plus appropriée. En effet, contrairement à une cour en béton classique, où tant d’enfants ont grandi, les architectes paysagistes de Fris in het Landschap ont créé un espace extérieur particulier, créatif et aventureux, avec un minimum de surfaces revêtues. Les terrains de football et de basket sont bien là mais ils sont intégrés subtilement dans le paysage. Le vert prédomine. L’espace extérieur a une dimension éducative importante. Outre l’escalier central qui peut servir de tribune pour les cours en plein air, plusieurs petites arènes sont disséminées dans le parc de jeux. Il y a un hôtel à abeilles et une attention particulière est accordée à la biodiversité afin que les enfants puissent découvrir les plantes et les animaux de manière ludique et soient encouragés dès leur plus jeune âge à s’adapter au climat et à y réfléchir. Ce sont des éléments que nous voulons absolument inclure dans nos futurs projets scolaires. À cet égard, ce projet s’est aussi avéré être une école d’apprentissage intéressante pour nous. »