TECHNIQUE  
Dimension 45 – septembre 2017

Intégrer parfaitement la ventilation à la rénovation, une utopie ?

Tim Peeters Architectes parlent de leur approche

C’est dans la Uyttenhovestraat (Gand) que Tim Peeters Architecten a transformé un modeste logis existant en maison unifamiliale extrêmement ouverte et confortable, tout en conservant une bonne partie de la construction originale. Avec un grand souci du détail, Tim Peeters et son équipe ont réalisé un bel exercice d’équilibre entre ancien et nouveau. Mais comment intégrer, dans un projet si délicat, un système de ventilation indispensable à une maison saine ? Et quid des autres techniques ? Tim Peeters nous explique à quels principes il a fait appel, et comment il les a mis en pratique.

Privilégiez un concept bien réfléchi

Tim Peeters : « Dès les premiers croquis, nous avons choisi un organigramme clair : toutes les grandes pièces se trouveraient d’un même côté de la maison, contre le mur commun, et les espaces plus petits, ou utilitaires, seraient rassemblés de l’autre côté, derrière la façade latérale où se trouve l’entrée principale. De la sorte, toutes les pièces demandant beaucoup de techniques et celles capables d’en accueillir facilement se trouveraient proches les unes des autres. Le nouveau plan de surface de l’étage du toit, à finaliser, prévoyait la place pour amener toutes les canalisations à l’horizontale jusqu’aux gaines et aux volets. »

Choisir le système de ventilation

« Nous choisissons généralement des systèmes de ventilation centraux mécaniques. Dans la plupart des projets, pour des raisons d’économies d’énergie, nous optons pour un système D, du fait de son confort thermique et acoustique. Nous travaillons souvent en environnement urbain, et les nuisances sonores dues aux grilles de fenêtre sont souvent un argument décisif. Si nous décidons tout de même d’utiliser un système A ou C, il s’agira de préférence d’un système central commandé à la demande. Mais dans ce projet, il était possible d’installer un système entièrement mécanique, à condition d’en tenir compte très tôt dans la conception. Du fait de la taille d’un réseau de canaux de ventilation, mieux vaut intégrer la conception des tracés et de l’espace technique dès l’avant-projet. »

C’est nouveau, c’est facile

« Nous voulions épargner la structure existante en maçonnerie et béton, et n’ajouter qu’un nombre limité d’éléments, de manière à conserver l’essentiel des murs structurels et des planchers des étages. Nous avons percé ou agrandi bon nombre d’ouvertures dans les murs, ramenant ainsi la structure de maçonnerie à une série de portiques identiques, un minimum structurel. Une partie du plancher du premier étage a cédé la place à la salle de séjour en double étage. Au rez-de-chaussée, nous avons excavé le sol en dallage jusqu’au lit de sable. Entre les murs, nous avons réalisé une plaque de 17 cm de Betopor – une combinaison chape/EPS qui assure à la fois un support renforcé et l’isolation. La finition plate de la chape isolante nous a ensuite permis de poser facilement les panneaux d’isolation et le chauffage au sol.

L’étage du toit était entièrement neuf. Le volume du toit rejoint la maison voisine, avec un toit à deux versants ordinaire, mais il se scinde en deux toits à deux versants sur la façade latérale. Cette configuration nous offrait plusieurs possibilités : nous avons ajouté un vaste étage utilisable sans toucher à la superficie de la maison initiale, et le nouveau toit nous laissait suffisamment d’espace et de marge de manœuvre pour installer les techniques. Le local technique et la plupart des canaux et canalisations se trouvent donc sous le toit et dans le plancher du deuxième étage. »

L’unité de ventilation a été installée sur une légère mezzanine de bois dans le grenier, tout comme la chaudière à condensation. L’alimentation et l’extraction d’air se trouve dans deux parties du toit distinctes, qui correspondent plus ou moins au vent dominant de Sud-Ouest. Nous limitons ainsi le risque de recirculation de l’air vicié, malgré un intervalle peu important.

À l’arrière, le plan de la maison a été parachevé en angle droit, avec une petite extension derrière le séjour. Au rez-de-chaussée, les habitants disposent ainsi d’une petite pièce supplémentaire légèrement protégée, idéale pour les objets que l’on aime avoir à proximité, tout en étant un peu séparée : un paillasson, des chaussures, le bol du chat... Mais cet espace crée aussi un petit mur de séparation supplémentaire qui a permis de dissimuler une gaine technique. Cette gaine regroupe les canalisations sanitaires et d’évacuation ainsi que les conduites d’alimentation et de distribution de la chaudière à condensation. Cette intervention a permis de laisser entièrement à nu le mur commun de deux étages. Tim Peeters en a astucieusement profité pour laisser l’empreinte des anciennes pièces visible sous la forme de zones de couleur encadrées.

La structure du toit originale, qui forme une paroi de la salle de bains au deuxième étage, a également permis de faire passer facilement les techniques vers le bas.

Gaines et placards

La partie externe des murs creux des 3 façades a été démolie et remplacée par un ETICS de 20 cm d’épaisseur. Le front de la façade latérale, par contre, a été intégralement conservé et isolé dans le creux de 9 cm d’épaisseur. La façade en pointe indique l’entrée comme auparavant, met les grandes surfaces murales et vitrées des nouvelles façades à l’échelle, mais se voit en outre dotée d’une fonction technique. Les deux passages du front vers la nouvelle façade hébergent deux gaines qui abritent les canaux de ventilation (voir plan). Tous les canaux de ventilation nécessaires peuvent ainsi passer au rez-de-chaussée via le premier étage. Comme la gaine et le WC se trouvent contre cette façade, les volets sont aussi proches que possible de l’emplacement des gaines.

Au deuxième étage et au grenier, l’architecte a en revanche travaillé avec des contre-cloisons et des placards. Pour commencer, il a systématiquement placé des contre-cloisons contre le mur commun. Elles sont en ossature bois séparées par une isolation et finies à l’aide de panneaux OSB. En prévoyant des étais de taille un peu plus importante, BAST architects & Engineers a fait en sorte qu’ils fournissent un soutien supplémentaire aux pannes du nouveau toit. L’unité de ventilation, la chaudière et le boiler y prennent appui au grenier, et au deuxième étage, toutes les conduites et canalisations ont pu être scindées. Elles ont trouvé place dans des placards, tout comme la machine à laver.

Court et puissant

« Nous avons choisi des canaux flexibles de 90 mm de diamètre. Nous avons préféré prévoir des canalisations un peu plus larges que les 50 ou 75 mm fréquents. Par ailleurs, les trajets sont aussi courts que possible, avec un minimum de coudes, afin de limiter la résistance. Nous avons pu dissimuler ces canalisation dans une couche d’isolation d’environ 12 cm sur les sols de béton existants, avant d’y couler la chape intégrant le chauffage par le sol.

Photos : Tim Peeters Architectes

Principe de construction sains

Si vous envisagez d’isoler entièrement une maison et de la rendre étanche à l’air, un système de ventilation efficace est indispensable. Ne perdez pas ce point de vue, y compris pour des projets de rénovation pour lesquels le PEB n’est pas obligatoire. Le Bureau flamand du plan pour l’environnement a fait réaliser de nombreuses fiches expliquant comment réaliser une construction saine, à la mesure des architectes. Beaucoup sont consacrées à la ventilation et peuvent servir de fil conducteur pour concevoir un système de ventilation. Les fiches donnent un aperçu des principaux points à retenir pour les canalisations de ventilation, les orifices d’alimentation et d’extraction d’air, le choix des ventilateurs... Découvrez-les sur

www.lne.be/bouw-gezond.