TECHNIQUE
Dimension 53 – septembre 2019
CSTC
Conduits de fumée : la cause de beaucoup d’incendies

Traversée ventilée d’un conduit de fumée dans un plancher en bois.

Accessoires spécifiques garantissant la continuité de l’étanchéité à l’air et de l’isolation thermique.

Montage d’un conduit de fumée dans un puits technique.

Exemple d’une traversée de paroi ignifuge réalisée correctement, selon la solution-type décrite dans la NIT 254.
PreviousNextQuelque 38 % des interventions des services incendie sont imputables aux conduits de fumée. Même si les feux de cheminée sont la cause principale des départs d’incendie, les conduits de fumée peuvent être, même en circonstances normales, à l’origine d’un incendie.
X. Kuborn, ir., chef de projet, laboratoire Chauffage et ventilation, CSTC
Éviter un départ d’incendie
Les prescriptions décrites dans ce premier chapitre concernent tous les types de bâtiment (maisons unifamiliales incluses) où se trouve un conduit de fumée.
La température dans un conduit de fumée raccordé sur un poêle au bois, ou au charbon, peut dépasser 300 °C en service normal, et atteindre 1.000 °C lors d’un feu de cheminée. La température de la fumée sortant d’une chaudière peu efficiente au gaz ou au fioul dépasse parfois 200 °C. La chaleur se dissipe en partie dans l’air extérieur, via la sortie du conduit de fumée; le reste se propage dans les matériaux, qui risquent ainsi de s’enflammer. Pour éviter ce risque, il faut :
- préserver une distance de sécurité sur toute la longueur entre la paroi extérieure du conduit et les matériaux inflammables;
- prendre soin d’éviter les feux de cheminée;
- éviter l’accumulation de chaleur dans les espaces clos situés sur le trajet du conduit de fumée.
Respecter une distance de sécurité
La distance de sécurité entre la paroi extérieure du conduit et les matériaux inflammables est indiquée dans le marquage des nouveaux conduits de fumée et conduits-raccord. Cette distance ne vaut que pour la configuration dans laquelle le conduit a été testé, c’est-à-dire un conduit vertical équipé des accessoires prévus par le fabricant (par exemple, plaque ventilée à hauteur des traversées de mur horizontales, voir illustration 1). En principe, la prescription relative à la distance de sécurité ne concerne pas les traversées de conduits horizontaux dans des parois verticales.
En l’absence de marquage ou de prescriptions du fabricant, les normes NBN EN 15287-1 et -2 peuvent servir de référence. Pour un générateur de chaleur produisant une fumée dépassant 200 °C (p. ex., poêle au bois), cette distance doit être supérieure à 375 mm. Si le générateur est raccordé sur un conduit concentrique de classe T160 ou un conduit de classe T080, aucune distance de sécurité n’est prescrite. C’est le cas pour certaines chaudières à condensation, dont la fumée ne dépasse jamais 80 °C.
Circonstances favorisant un départ de feu de cheminée
La source du feu de cheminée est la combustion des particules de suie et goudron qui se sont déposées sur la paroi intérieure d’un conduit de fumée. Ce dépôt résulte de la combustion incomplète du bois, du charbon et, dans une moindre mesure, du fioul. Pour limiter le dépôt de suie ou goudron :
- utiliser un combustible de qualité, par exemple, du bois sec (taux d’humidité ≤ 20 %)
- faire en sorte de ne pas étouffer la combustion en limitant l’arrivée de l’air de combustion (p. ex., pendant la nuit);
- raccorder le générateur de chauffage sur un conduit bien dimensionné, éventuellement isolé, pour garantir le tirage thermique.
Le nettoyage périodique du conduit permet d’éliminer la plus grande partie des dépôts inflammables. Dans le cas d’un raccordement sur une chaudière de chauffage central, ce nettoyage est prescrit par la loi. La fréquence peut varier selon la Région, mais d’une manière générale, pour les chaudières à combustible solide ou liquide, un nettoyage annuel est obligatoire (chaudières au gaz : périodicité de deux à trois ans). Pour les conduits raccordés sur les appareils de chauffage décentralisés (p. ex., poêles au bois), aucune obligation de nettoyage. Néanmoins, il est conseillé de faire inspecter et, si nécessaire nettoyer, ces appareils une fois par an.
Éviter l’accumulation de chaleur
Un conduit de fumée peut traverser les murs ou se trouver dans un puits technique. La chaleur diffusée par le conduit peut s’accumuler, au risque d’enflammer certains matériaux situés pourtant au-delà de la distance de sécurité. La solution la plus simple pour éviter l’accumulation de chaleur consiste à ventiler de manière naturelle les sections de conduit à hauteur des traversées. L’illustration 1 montre la traversée d’un conduit non intégré et un conduit situé dans un puits technique traversant un plancher en bois dans une habitation unifamiliale. Dans les deux cas, la traversée du conduit est réalisée au moyen d’accessoires permettant le respect de la distance de sécurité.
Lorsqu’une fonction spécifique (p. ex., isolation thermique, étanchéité à l’air ou à la pluie), est attribuée à une paroi traversée par un conduit de fumée, il est possible de préserver la continuité de ces fonctions par recours à des accessoires adaptés (voir illustration 2).
Préserver le compartimentage
Les prescriptions ci-après sont obligatoires pour les bâtiments visés par l’Arrêté royal Normes de base, par exemple, les immeubles à appartements. Pour préserver le compartimentage, la résistance incendie des murs traversés par un conduit de fumée ne peut pas être diminuée. Cette prescription ne s’applique pas aux maisons unifamiliales.
Puits technique
Les exigences applicables aux conduits de fumée concernent également les conduits de l’air de combustion (dans le cadre du compartimentage). Ces deux types de conduit sont placés dans un puits technique vertical à parois ignifuges. L’illustration 3 montre la configuration classique : sur toute la hauteur du bâtiment, un puits technique équipé au sommet d’un passage d’aération permettant à la fumée et à la chaleur de s’échapper en cas d’incendie. Ce passage doit rester ouvert en permanence ou bien être équipé d’un clapet motorisé. L’aération du puits doit également être prévue, par des ouïes de ventilation situées en haut et en bas, sauf si réalisé avec des conduits concentriques uniquement. Dans le cas où le passage d’aération nécessaire en cas d’incendie reste ouvert en permanence, il peut servir d’ouverture de ventilation en hauteur.
Dans les deux cas, le puits technique doit être réservé aux conduits de fumée, sinon il faut intégrer une séparation de classe EI 30, à placer entre les conduits de fumée et les autres composants (inflammables ou non), par exemple, câbles électriques, conduites de ventilation, conduites d’eau.
Traversée dans les parois du puits technique
Pour raccorder le générateur de chaleur sur le conduit de fumée, la paroi du puits doit être traversée, mais en veillant à l’intégrité de la résistance incendie. Pour cela, on peut recourir à l’une des deux solutions ci-après.
Solution-type
Selon la solution faisant l’objet de la NIT 254, les parois extérieures du conduit collectif et des conduits-raccord (au minimum entre le raccordement sur le conduit collectif et la traversée dans le mur ignifuge) doivent être réalisées en matériaux rigides ininflammables (p. ex., béton, métal ou céramique). L’alu n’est pas autorisé dans les bâtiments hauts. Le principe de cette réalisation est montré dans l’illustration 4.
Solutions alternatives
Pour garantir la résistance incendie de la paroi pendant la durée prescrite, on peut utiliser des clapets ou manchons ignifuges. Ces éléments doivent être placés à hauteur des traversées et, dans l’éventualité d’un incendie, ils ne peuvent pas entraver le passage de la fumée et de chaleur dans les conduits de raccordement.
Sur les conduits de l’air de combustion, on peut également placer des clapets ignifuges, comparables à ceux des conduites de ventilation. Toutefois, même si l’utilisation de manchons ignifuges pour les conduits de fumée est envisageable, à l’heure actuelle on ignore quel serait le comportement de ces équipements au contact avec des conduits « échauffés ».