SPECIALIST
Dimension 50 – novembre 2018
Du préfabriqué, également pour les rénovations
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Installation d’un module 3D préfa, en acier, intégrant une unité de ventilation et de chauffage prémontée.

Livraison d’un élément de façade préfa, en bois, comportant également les canalisations de ventilation et de distribution.
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Rendre énergétiquement efficace, d’ici 2030, la majeure partie des logements de Belgique, semble être une utopie. Non seulement pour des raisons budgétaires. Avant tout parce qu’il n’y a pas assez de main-d’œuvre pour réaliser effectivement toutes ces rénovations. À moins d’opter pour une approche de préfabriqué. Cela peut sembler contradictoire et antinomique, mais la pratique montre que c’est effectivement la seule façon d’effectuer efficacement et rapidement une rénovation.
À première vue, préfabriqué et rénovation semblent être des notions contradictoires. Car comment, sur un chantier imprévisible, pouvez-vous mettre en œuvre des éléments de construction réalisés à l’avance ? La réponse est simple : en construisant une nouvelle ‘peau’ autour de l’habitation. L’application la plus simple est constituée de modules de façade isolés, pouvant atteindre 3,5 x 12 mètres, avec portes et fenêtres. « Un cran au-dessus, on trouve des modules intégrants des lots techniques : électricité, canalisations d’eau, câblage de données, ventilation, panneaux PV, … », nous explique le dr.ir. architecte Michael de Bouw, chef-adjoint du Labo Rénovation du CSTC. Dans leur forme la plus simple, ces solutions suivent les contours de la maison existante. Le volume construit ressemblera donc à l’ancien, hormis la couleur et le matériau du revêtement de façade. Il existe toutefois des solutions préfabriquées qui modifient complètement la façade et/ou agrandissent même le logement, comme par exemple l’ajout d’une cuisine à l’arrière, d’une nouvelle entrée, de terrasses supplémentaires, … Les architectes qui pensent que le préfabriqué ne permet qu’une architecture plate, sont donc désespérément à la traîne. Aujourd’hui il est parfaitement possible de rénover un immeuble de cette façon, et de lui donner une plus-value architecturale et un cachet. La rénovation à l’aide de préfabriqué ne se limite d’ailleurs pas aux façades. Il existe, par exemple, différentes solutions pour rénover entièrement des toitures à l‘aide d’éléments préfabriqués.
Rapidité inégalée d’exécution
Soyons clairs : la rénovation à l’aide de préfabriqué, ou ‘rénovation préfa’, n’a que peu ou pas d’effet sur la facture finale. « Cela pourrait changer si le préfabriqué était utilisé plus fréquemment dans la rénovation », déclare Michael de Bouw. « Le volume aurait alors, en effet, un impact positif sur les coûts. À ce jour, l’avantage le plus important du préfabriqué réside dans la rapidité d’exécution. Mais, nous ne devons pas sous-estimer le poids de ce plus. Mieux encore, il se pourrait bien que cela devienne un jour la clé pour pouvoir rendre à temps le patrimoine belge économe en énergie. Les techniques de préfabrication permettent en effet de rénover totalement une habitation moyenne, sur site et en moins de dix jours ! »
À ce jour, l’avantage le plus important du préfabriqué réside dans la rapidité d’exécution.
Tout le monde est gagnant dans la rénovation ‘préfa’
Il est indiscutable que la rénovation par préfabriqué est une méthode de production optimisée (‘LEAN’) Bien que chaque habitation soit particulière, les exécutants pourront quand même utiliser des solutions et des techniques standardisées. Ceci permet de travailler plus rapidement, de supprimer les étapes inutiles et de réduire au minimum le pourcentage d’erreurs. Les nouvelles façades ou toitures sont assemblées en atelier, dans un environnement climatisé et selon une procédure certifiée. Ceci entraîne moins de défauts et moins d’erreurs. En outre, les temps d’attente sont minimes parce que la production peut être parfaitement synchronisée avec l’exécution. Il n’y a quasiment pas de déchets sur le chantier et question confort pour les occupants et le voisinage, cette technique de rénovation ne connaît pas son pareil. Les nuisances liées à la reconstruction sont en effet limitées à une très courte période. Dans beaucoup de cas, le client n’a même pas à quitter son logement ou alors seulement durant quelques jours. Michael de Bouw : « Chacun est donc gagnant dans une approche de préfabriqué. Pourquoi alors ne pas utiliser massivement cette technique ? »
Il y a tout de même quelques obstacles
L’un des obstacles importants est que toutes les parties intéressées doivent collaborer étroitement et respecter strictement le planning. En résumé, il faut un planning optimisé, une livraison optimisée et une exécution également optimisée. Michael de Bouw : « Les lenteurs typiques auxquelles nous sommes à présent habitués dans le secteur du bâtiment, doivent être totalement rayées du processus de rénovation. Sinon, toute la chaîne de rénovation ‘préfa’ est retardée et donc aussi empêchée dans son développement. Cette approche optimisée (LEAN) n’est pas encore actuellement une pratique standard, et certainement pas dans les PME. Si nous voulons que la rénovation ‘préfa’ perce, il faudra quand même sur ce plan des changements significatifs. » Il y a, en outre, encore un obstacle pratique : la rénovation ‘préfa’ ne peut pas être appliquée partout. Le problème se pose surtout dans les zones urbaines où les habitations sont construites près de la rue. « Les façades sont facilement avancées d’environ vingt-cinq centimètres », nous explique Michael de Bouw. « Si de ce fait le trottoir devient trop étroit, le permis de travaux ne sera jamais accordé. Un deuxième problème est de pouvoir amener sur place les grands panneaux ou les modules 3D, et en outre de pouvoir les installer à l’aide de grues. Ici encore, les environnements urbains constituent une barrière. » Il ne faut pas négliger non plus le fait que la rénovation ‘préfa’ exige une production hautement précise des panneaux de façade. Ceci est vraiment une condition essentielle pour aboutir au résultat final escompté. Surtout pour les panneaux dans lesquels les lots techniques sont déjà intégrés. Michael de Bouw : « Lors de l’installation sur le chantier, il n’y aura pas de marge pour absorber de trop grands jeux. Ceci nous ramène à l‘importance de scanner en 3D les projets de rénovation1. L’utilisation avec succès du préfabriqué ne peut se faire qu’en cartographiant le plus parfaitement possible l’existant. Les nouvelles technologies numériques seront donc le facilitateur permettant d’amener le préfabriqué à son plein développement dans les projets de rénovation. »
1 Voir l’article ‘3D-scanning: dé meettechniek van de toekomst?’ (Scanner en 3D : la méthode par excellence du futur ?)
2 Architectural Industrialised Multifunctional Envelope Systems (Systèmes d’enveloppe multifonctionnelle industrialisée architecturale)
Le CSTC voit un énorme potentiel dans le préfabriqué et suit de près la question. Pour de plus amples détails concernant ces techniques, il est possible de consulter le document de recherche ‘Retrofitting with AIM-ES2’, rédigé en 2016 par le Labo Rénovation du CSTC, en collaboration avec un groupe étendu d’utilisateurs, professionnels du bâtiment. Ce livre peut être téléchargé gratuitement sur
https://www.brusselsretrofitxl.be/wp-content/uploads/2016/07/AIMES_Guidelines_UK_2016.pdf