UNE VILLE EN IMAGE
Dimension 48 – mai 2018
« Nous sommes toujours une ville en développement »
Jean-Luc Roland, bourgmestre d’Ottignies-Louvain-la-Neuve
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La double façade de l’AGC Glass Building combine des lames de verre extra clair à l’extérieur avec un vitrage trempé superisolant, en verre blanc sérigraphié, côté intérieur.

Une galerie centrale relie la partie bureaux au restaurant et à la partie conférence de l’AGC Glass Building. La galerie peut également servir d’auditorium, les escaliers servant de sièges. Architecte : Philippe SAMYN and PARTNERS architects and engineers & BEAI. Intégration artistique : Georges Meurant. Photo : Marie-Françoise Plissart

Dans le Parc scientifique Einstein, l’entreprise JuXing International Technology Investment Belgium réalise le China Belgium – Technological Center, une plate-forme destinée aux entreprises chinoises désirant développer des projets innovants en collaboration avec l’UCL. Le projet comporte des bureaux, un hôtel, un centre de services et de réunion, une partie logistique et un parking. Architecte : BAEV (Archipelago) en collaboration avec DongFeng Design Institute Co. Ltp (STech & S) et Ellyps/BEL (STech & S)

L’antenne administrative de la ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve installée dans le centre de Louvain-la-Neuve, héberge les services communaux ainsi qu’une antenne de la police locale. Elle est construite selon les normes de maison passive. Architecte : DELTA Architects, Namur. Photo : Céline Prevoo

Agissant pour le compte de Les Jardins du Petit Ry, LD2 Architecture a conçu cet ensemble de bâtiments résidentiels, abritant chacun 15 logements. Les concepteurs ont cherché à créer une implantation harmonieuse dans un environnement verdoyant. Une partie de cet environnement est dans le domaine public de sorte que les passants puissent se promener entre les bâtiments. Architecte : LD2 Architecture

La monumentale bibliothèque d’André Jacqmain date de 1972-1973 et se caractérise par des surfaces brutes en béton coffré et des lignes non perpendiculaires. On remarque surtout le toit en pente, à une période où la mode était aux toitures-terrasses.

Afin de pouvoir installer un ascenseur dans le Musée L sans toucher aux cloisonnements intérieurs, les architectes Michel le Paige et Carole Deferière ont ajouté sur le côté est de l’ancienne bibliothèque un nouveau volume en béton brut avec un coffrage en planches minces. © UCL

Les gaines de ventilation avec leurs grilles sur lesquelles se trouve le logo du Musée L, ont toujours leur finition d’origine, en cuivre. Du concepteur Jules Wabbes ont été gardées les poignées de porte, les rampes d’escalier, la monumentale gaine de chauffage et quelques chaises. ©UCL

Toutes les fenêtres du bâtiment ont été remplacées. La forme des menuiseries assure une pénétration maximale de lumière du jour dans le Musée L. ©UCL

Le Musée L a une surface totale de près de 6.000 m2, dont 3.830 m2 sont accessibles au grand public. La collection comprend des œuvres d’art, des objets archéologiques et ethnographiques, des machines et des inventions. Trois laboratoires permettent aux visiteurs d’en savoir plus sur le riche patrimoine.

La Grand-Place de Louvain-la-Neuve. (c)WBT-Jean-PaulRemy

On peut découvrir sur la Grand-Place de Louvain-la-Neuve, la fresque La Tour Infinie de François Schuiten, dans laquelle il exprime son utopie de Louvain-la-Neuve. (c)WBT-Jean-PaulRemy

L’arrivée du Musée Hergé a représenté pour Louvain-la-Neuve un sérieux apport. Le musée comporte huit salles d’exposition permanente, une salle pour des expositions temporaires, un restaurant, une librairie, des ateliers et des bureaux. Le musée Hergé a vu le jour grâce à une collaboration entre Joost Swarte, Thierry Groensteen et Philippe Goddin (scénario), Joost Swarte et Winston Spriet (scénographie) et Christian de Portzamparc (architecture). © Nicolas Borel Atelier Christian de Portzamparc
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Après trois mandats en tant que bourgmestre, fait unique pour un élu Ecolo, Jean-Luc Roland quittera la politique après les élections d’octobre prochain. Il commente, pour DIMENSION, l’histoire récente d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, une ville tout de même exceptionnelle, avec deux centres, et il analyse les défis urbanistiques qui attendent son successeur.
En mai dernier, les villes d’Ottignies-Louvain-la-Neuve et de Louvain (Leuven) ont apposé leurs signatures au bas d’un accord de jumelage. Un moment extrêmement symbolique pour lequel le bourgmestre Louis Tobback, alors nouvellement élu, avait déjà plaidé en 2001. « Mais les esprits n’étaient pas encore mûrs à l’époque, raconte Jean-Luc Roland. J’ai étudié moi-même durant deux ans à Heverlee, jusqu’à ce qu’à cause de la scission de l’université en 1973, je ne doive déménager à Louvain-la-Neuve où je vis encore. Étant également fraîchement élu comme bourgmestre, la proposition de Louis Tobback de 2001 me convenait parfaitement. Lorsque j’ai proposé l’idée au collège des échevins, chacun y semblait favorable, y compris les échevins du Rassemblement Wallon d’alors. Mais au conseil communal, l’opposition a émis une vague de protestations. La population aussi a reçu la proposition avec des sentiments mitigés. Le projet est passé un peu à l’arrière-plan. En 2004-2005, les universités se sont donné la main pour l’attribution de doctorats honoris causa, qui a eu lieu dans les anciennes halles de Louvain (Leuven). Ce fut un moment empreint de beaucoup d’émotion, comme si deux frères qui s’étaient violemment disputé, se réconciliaient. J’ai constaté alors beaucoup d’émotion chez les professeurs. L’idée d’un jumelage est revenue à la surface, mais s’est encore heurtée à l’incompréhension d’une partie de la population d’ici. Jusqu’à ce que les deux universités choisissent comme thème de l’année académique 2015-2016, l’utopie, en raison du 500e anniversaire de la première impression du livre Utopia de Thomas More à Louvain (Leuven). Mon ami Philippe Van Parijs me soufflait à l’oreille que ce serait l’occasion idéale pour remettre à l’ordre du jour le jumelage, lui aussi une sorte d’utopie. Je n’oublierai jamais la façon dont il l’a formulé : « Louvain a été la ville qui a eu l’audace d’imprimer Utopia. Louvain-la-Neuve est la ville qui a eu l’audace de réaliser cette utopie ». Nous avons invité ici Louis Tobback ; nous avons annoncé le projet dans le magazine municipal, et voyant l’absence de réactions négatives, nous sommes passés aux étapes suivantes. »
Deux centres-villes
Le bourgmestre démarre son récit par un retour historique sur le passé de la ville. La région se caractérisait auparavant, sur le plan économique, par un mélange d’agriculture et d’industrie : aciéries, papèteries, tanneries. « La transition vers la commune telle qu’elle se présente aujourd’hui, résulte de l’action de deux facteurs importants. Le premier est la gare d’Ottignies, qui, sur le plan de la fréquentation, est la gare ferroviaire la plus importante de Wallonie, où chaque matin 20.000 voyageurs prennent le train. Parallèlement, il s’est développé une urbanisation autour de Bruxelles, avec un exode rural de gens travaillant à Bruxelles mais ne voulant pas vivre en ville, et un exode urbain de résidents aisés de Bruxelles cherchant à se mettre au vert. »
« Un deuxième facteur, plus récent, était l’arrivée de l’UCL. Aujourd’hui, la fusion de communes compte environ 31.500 habitants. 10.000 d’entre eux habitent Ottignies centre, 10.500 à Limelette et Céroux-Mousty, et 11.000 à Louvain-la-Neuve. À cela s’ajoute encore 10.000 étudiants résidents (dits « koteurs »). Nous sommes ainsi aujourd’hui une ville avec deux centres. En Brabant wallon et en Brabant flamand, le revenu se situe au-dessus de la moyenne nationale. Ottignies-Louvain-la-Neuve est un cas à part. Le profil social de nos habitants est très variable. Un cinquième des bénéficiaires du revenu d’intégration du Brabant wallon, habitent notre ville. La possibilité d’y trouver un logement pour étudiant bon marché, n’y est certainement pas étrangère. Dix pour cent de notre fichier logements concerne des logements sociaux, ce qui est beaucoup, en comparaison des autres communes de la province. De plus, les ouvriers et les cadres, la ville et la campagne, tous vont ici de pair. »
« Ce qui caractérise Louvain-la-Neuve, c’est sa forte culture de la participation, avec une association d’habitants comptant plus de 1.000 membres et qui se distingue fortement. Cela remonte au début de Louvain-la-Neuve, dans les années 70. Les gens devaient alors décider de s’établir dans le tout nouveau centre, sans savoir dans quelle direction il se développerait. Pour avoir davantage leur mot à dire, ils créèrent alors le prédécesseur de l’association actuelle d’habitants. »
L’avènement de L’Esplanade
« En 1991-1993, la commune a défini un « schéma de structure communal » (SSC), c’est-à-dire un document d’orientation indiquant l’aménagement urbain souhaité, et dans lequel j’étais impliqué en tant que président d’un comité de suivi. Pour le centre d’Ottignies, il avait été défini que toutes les fonctions urbaines devaient y trouver place : habitations, loisirs, magasins, bureaux, fonctions publiques. La densification était également prévue dans le SSC, ce qui, au tournant du siècle, a mené au développement de la zone juste en face de l’hôtel de ville. L’amalgame précédent d’habitations ouvrières et bourgeoises y a cédé la place à des bâtiments composés d’un rez-de-chaussée et de quatre ou cinq étages, avec un mélange de fonctions. »
« Pour Louvain-la-Neuve, par contre, l’aspect « surfaces commerciales » avait été délibérément omis du SSC, car les représentants d’Ottignies dans le comité communal d’aménagement du territoire CCAT, ne voulaient pas que tout le développement aille vers Louvain-la-Neuve. À cette période, Peter Wilhelm, du groupe immobilier du même nom, projetait d’implanter une galerie marchande juste à côté de l’autoroute, à quelques quatre kilomètres de Louvain-la-Neuve. Les gens de Louvain-la-Neuve ont perçu ce projet comme un danger pour le développement d’un centre-ville digne de ce nom. Toutefois il n’y avait pas beaucoup d’emballement pour une galerie marchande dans le centre, mais après des discussions animées, il fut demandé à Peter Wilhem s’il acceptait de venir s’implanter au cœur même de Louvain-la-Neuve. Il accéda à cette demande, et après un amendement du SSC, les autorisations nécessaires furent accordées en 1997, de sorte qu’entre 2003 et 2005, L’Esplanade put voir le jour. »
« L’arrivée du centre commercial constitua pour Louvain-la-Neuve un énorme apport urbanistique. Auparavant, le centre-ville se composait d’une rue, la Grand-Rue, et de deux places, la Place de l’Université et la Grand-Place ; cette dernière était un grand rectangle sans identité propre, ouvert sur ses côtés nord et sud. Il fut convenu avec Peter Wilhem qu’il relierait ces deux places par une nouvelle rue, la rue Charlemagne, qui au fil du temps se développerait davantage. Il fut également d’accord pour accorder aux cinémas planifiés, une place sur la Grand-Place au lieu de les implanter à l’extrémité de la galerie. Un véritable micro-centre vit ainsi le jour où l’on pu constater, malgré des prescriptions de construction très contraignantes concernant entre autres, le gabarit, les pentes des toitures et les parties vitrées verticales, l’apparition d’une nouvelle architecture, qui se distinguait de l’existante et donnant au centre une stratification historique. La grosse plaque de béton piétonnière, connue sous l’appellation de « la dalle », sur laquelle est construit le centre de Louvain-la-Neuve et sous laquelle sont implantés trois niveaux de parkings souterrains, a reçu ainsi une vie nouvelle. Rien ne s’était d’ailleurs passé sur cette dalle durant quinze ans parce que construire sur ces parkings souterrains était hors de prix. Mais ce grand projet apportait du nouveau en la matière. »
« Une deuxième conséquence était que le centre de Louvain-la-Neuve rassemblait désormais toutes les fonctions urbaines sur une surface très limitée. Auparavant, les commerces s’adressaient uniquement aux étudiants : sandwicheries, pizzérias, centres de polycopiage, et les habitants faisaient principalement leurs courses à Wavre. Ainsi, l’offre existante orientée vers l’enseignement, la recherche et la culture fut complétée par le commerce de détail. »
L’arrivée de Tintin
L’an dernier, L’Esplanade a été à nouveau au centre de l’intérêt. Des projets d’extension ont enflammé les esprits et se sont traduits par une consultation publique au cours de laquelle la majorité s’est prononcée par un Niet ! Le bourgmestre Jean-Luc Roland : « La révision du SCC en 1997, s’accompagnait d’un plan indiquant la zone commerciale. À côté de l’Esplanade actuelle le plan prévoyait également deux zones avoisinantes pour lesquelles l’UCL accordait respectivement un bail emphytéotique et une promesse de bail. Le développeur Klépierre présentait en 2011 un premier projet d’extension, pour lequel nous n’étions pas tout de suite enthousiastes, mais que nous avons essayé de corriger sur le plan urbanistique. Après des années de palabres, nous étions parvenus plus ou moins à un accord, qui à présent est soumis à une consultation populaire. Mais Klépierre a donc néanmoins des droits. »
« Pour sortir de l’impasse, le prochain conseil municipal fera établir par un bureau d’études un schéma d’orientation locale. Cela nous permet de geler pendant trois ans toute demande de permis. Parallèlement, un autre bureau d’études aura la tâche de définir un processus de participation. Pour le moment, un comité pilote, composé de représentants de la majorité et de l’opposition, examine le contenu précis de ce processus de participation. »
Autre moment important du développement de Louvain-la-Neuve selon le bourgmestre, l’arrivée du Musée Hergé. « Juste avant de devenir bourgmestre, en 2000, j’entendais à la radio un reportage concernant la réussite d’une exposition Hergé à Braine-l’Alleud. Comment est-il possible que, 17 ans après son décès, on n’ait pas encore mis en application la disposition testamentaire d’Hergé qu’un musée voie le jour autour de son œuvre et de sa personnalité, se demandait le journaliste. Le lendemain, j’ai écrit une lettre à Fanny Vlamynck, la veuve d’Hergé. Ottignies-Louvain-la-Neuve était selon moi l’endroit idéal pour un tel musée parce qu’Hergé y avait une maison, que son album Les bijoux de la Castafiore s’y déroule et qu’il était passionné d’art et de sciences, les pôles d’attraction par excellence de notre ville. En avril 2000 je recevais Fanny et son deuxième mari, Nick Rodwell. Je leur ai présenté quelques endroits, et leur choix s’est arrêté sur un lieu tout près de la gare de Louvain-la-Neuve, afin que le musée soit facilement accessible pour les visites scolaires. Ils ont fait préparer le dossier par des spécialistes, parmi lesquels Joost Swarte et Christian de Portzamparc, contactés pour le projet. En 2009, le musée ouvrait ses portes : un bâtiment sublime, implanté sur le côté de la Place de l’Université, comme un bateau amarré à la dalle piétonnière. »
De grands projets de logements
Ottignies-Louvain-la-Neuve connaît une croissance démographique relativement forte. Jean-Luc Roland : « En 2014, l’IWEPS, l’Institut Wallon de l’Évaluation, de la Prospective et de la Statistique, a sondé, via des données et des enquêtes objectives, le bien-être dans les villes et communes de Wallonie. Nous sommes sortis à la première place. Afin d’absorber le nombre croissant d’habitants, un certain nombre de projets ont été lancés. Outre la mise en service récente à Louvain-la-Neuve du parking du RER, le réseau express de la SNCB, il y a place pour 400 à 600 logements. Les travaux de ce projet « Courbevoie » devraient commencer normalement cette année encore. »
« Autre très grand projet : Athéna, un terrain de 30 hectares au nord de Louvain-la-Neuve. Cet ancien terrain agricole et industriel est désigné comme zone d’habitation, permettant de loger environ 5.000 habitants. L’objectif est d’en remplir une partie avec des logements abordables. Depuis une quinzaine d’années, nous constatons que ce sont surtout des personnes de plus de 65 ans qui achètent à Louvain-la-Neuve et dans le centre d’Ottignies. On n’y trouve que peu de jeunes ménages avec des enfants. C’est pourquoi nous voulons réserver au moins 3 ha du projet Athéna à ce groupe cible, ce qui équivaut à environ 150 à 200 logements. Nous voulons les proposer à des couples ayant un revenu supérieur au plafond pour un logement social, mais toutefois trop bas pour pouvoir prétendre au marché immobilier normal. »
Comment l’accessibilité sera-t-elle favorisée ? Le bourgmestre Jean-Luc Roland : « Nous voulons agir sur le prix du terrain. Dans les années 70, l’UCL a pu acheter des terres agricoles pour 5 à 10 euros le mètre carré, en actualisant les prix d’alors. Aujourd’hui leur valeur oscille entre 200 et 1.000 euros du mètre carré. Nous leur avons demandé de faire un effort et nous attendons sous peu leur réponse. S’ils donnent suite à notre proposition, nous mettrons sur pied, pour la partie à logements abordables, un système de fiducie foncière collective (Community Land Trust), grâce auquel les ménages acquerront le terrain presque gratuitement, au coût des travaux d’infrastructure près. Nous vérifions aussi s’il n’est pas possible d’obtenir un avantage fiscal, par exemple une réduction de TVA. Tout cela pris en compte, on arrive vite à économiser un quart du prix normal d’une construction neuve. »
Autres plans pour l’avenir
Entre-temps il y a eu du nouveau dans le dossier RER : le réseau express régional qui aurait dû être bouclé en 2012 et en raison duquel le centre-ville d’Ottignies devra faire face à une sérieuse transformation durant les quinze prochaines années. La gare, obsolète, difficilement accessible et mal desservie, ainsi que son environnement immédiat, se verraient insuffler une vie nouvelle. « La SNCB, Infrabel et la ville ont conclu, en 2010, un accord prévoyant avant 2014 la rédaction d’un plan directeur donnant les lignes directrices suivantes : amélioration de l’accessibilité en bus, voiture et vélo ; mise en œuvre d’une mobilité intermodale ; extension du centre avec des fonctions urbaines complémentaires. Dans une première phase, devant démarrer l’année suivante, devait être construit un immeuble de parking pour 1.000 voitures, et libérant de la place pour une circulation plus fluide. Une deuxième phase prévoyait le réaménagement des voies et des quais, ce qui devrait prendre de trois à cinq ans. Entre-temps nous pouvons déjà développer l’espace autour du parking et agrandir la place devant la gare, comme projeté. La transformation complète ne sera vraisemblablement achevée qu’en 2030. »
« Dans le centre, un terrain de quelque 9 ha où se trouvait une entreprise de béton, sera transformé par Matexi en zone d’habitation. En outre il y a une énorme surface de parking à côté du centre commercial où nous pouvons faire de la place en réalisant un immeuble de parking. Pour le moment, tout est en discussion avec les habitants, les propriétaires du centre commercial et le développeur, afin de parvenir à une planification spatiale largement soutenue.
« Entre l’autoroute et la N4, à l’entrée de Louvain-la-Neuve, se trouve un endroit stratégique qui doit encore recevoir un aménagement approprié. Peut-être l’UCL a-t-elle l’intention de réaliser là, à terme, une extension de son hôpital universitaire. Personnellement je pense que dans cette zone d’activités économiques et de parc scientifique, il faut un point de mire architectural emblématique. Par le passé, j’ai suggéré l’idée d’un centre événementiel pour le sport et la musique, étant donné, juste à côté, les vastes possibilités de stationnement qui, le soir, sont inutilisées, et la proximité avec la gare. Mais cela ne s’est jamais concrétisé. Pour le moment on y construira le CBTC, un incubateur chinois qui, à terme hébergera 1.500 chercheurs européens et chinois, dans un complexe de bâtiments de plus de 100.000 m2. »
Par Colette Demil et Staf Bellens
Une ville nouvelle
Les années 60 n’étaient pas seulement une période de « love, peace and understanding » (amour, paix et compréhension), mais ont également été caractérisées par de violentes disputes entre communautés linguistiques. Le mouvement « Leuven Vlaams » (Louvain aux Flamands) a conduit à la scission de l’université catholique et au départ forcé de l’UCL vers la Wallonie. L’université a eu l’occasion d’acquérir à Ottignies 900 ha de terres agricoles et d’y sortir de terre un nouveau centre. Jean-Luc Roland : « Sous l’impulsion de l’historien de l’art Raymond Lemaire et de l’administrateur de l’université Michel Woitrin, les urbanistes et architectes de l’université ont conçu un concept urbain traditionnel, sur le modèle italien, dans lequel toutes les fonctions étaient mélangées. Seule la voiture était bannie et contrainte à traverser ou à stationner en sous-sol, sous une épaisse dalle de béton piétonnière, installée dans la vallée. Le concept a été strictement défini en dix commandements avec de fortes exigences urbanistiques. Michel Woitrin était passionné par la renaissance italienne. »
« Les relations ville-université ont toujours été délicates. Avec 900 ha, l’université possédait un quart de notre superficie totale et, sur le plan urbanistique, elle en imposait au début aux services communaux d’alors, encore modestes. Pour l’achat du terrain, certes réalisé en grande partie avec l’accord des deux parties, l’université aurait pu, si elle l’avait souhaité, utiliser la procédure de l’expropriation. Cela aurait signifié toutefois que, par la suite, elle ne pouvait plus le revendre. C’est pourquoi elle a utilisé un système de bail emphytéotique, qui a ensuite été assoupli. Aujourd’hui, lorsqu’un lot est vendu, le bail emphytéotique recommence, en effet, à courir. Il y avait lieu, pour ce bail emphytéotique, de s’inscrire sur une liste. La personne dont au bout d’un certain temps venait le tour devait tout d’abord soumettre son projet à une commission de l’université. En cas d’approbation, elle recevait une promesse de bail emphytéotique, en attendant de recevoir de la commune, un permis de construire. Bien entendu, cela conduisit à des malentendus. Les gens pensaient régulièrement que ce permis de construire n’était qu’une formalité. Aujourd’hui, ce problème a pratiquement disparu, par manque de terrains disponibles. »
« La Baraque représente un cas à part ; il s’agit d’un quartier d’une vingtaine de logements qui existait déjà avant la venue de l’UCL. Là, un certain Jules Casse, un délégué syndical d’une fabrique de papier de Mont-Saint-Guibert, refusa de vendre son terrain. Ceci créa une petite enclave indépendante, une sorte de village d’Astérix, qui attira les étudiants désireux de vivre d’une manière alternative. J’y ai d’ailleurs vécu durant dix ans. Jules avait un peu peur au début de ces jeunes intellectuels, mais très vite il s’est établi un lien de confiance et il put compter sur leur soutien. Grâce à un plan d’aménagement à part, les étudiants ont pu expérimenter d’autres formes de logement, ce qui conduisit à la construction de huttes, de caravanes créatives, entre autres. La Baraque est toujours debout aujourd’hui. »
« La transition vers la commune telle qu’elle se présente aujourd’hui, résulte de l’action de deux facteurs importants. Le premier est la gare d’Ottignies, qui, sur le plan de la fréquentation, est la gare ferroviaire la plus importante de Wallonie. Un deuxième facteur, plus récent, a été l’arrivée de l’UCL. »
« L’arrivée du centre commercial L’Esplanade constitua pour Louvain-la-Neuve un énorme apport urbanistique. La grosse plaque de béton piétonnière, connue sous l’appellation de « la dalle », sur laquelle est construit le centre de Louvain-la-Neuve et sous laquelle sont implantés trois niveaux de parkings souterrains, a reçu ainsi une vie nouvelle et le centre de Louvain-la-Neuve réunissait dorénavant toutes les fonctions urbaines sur une surface limitée. »
« Les relations ville-université ont toujours été délicates. Avec 900 ha, l’université possédait un quart de notre superficie totale et, sur le plan urbanistique, elle en imposait au début aux services communaux d’alors, encore modestes. »
« La Baraque représente un cas à part ; il s’agit d’un quartier d’une vingtaine de logements qui existait déjà avant la venue de l’UCL. Là, un certain Jules Casse, refusa de vendre son terrain. Ceci créa, à Louvain-la-Neuve, une petite enclave indépendante, une sorte de village d’Astérix, qui attira les étudiants désireux de vivre d’une manière alternative. »